Je vous livre ici un superbe poème écrit par un aveyronnais nommé Baptistou, monté à Paris pour « gagner des sous ».
Le poème n’est pas daté, on peut supposer que cela se passe à partir de la fin du 19ème siècle.

Que nous dit Baptistou ?

Baptistou est né en Rouergue (ancien nom de l’Aveyron). A 15 ans, il doit monter à la capitale pour essayer de « gagner sa vie ». Baptistou décrit sa vie de labeur où il se « débat dans Paris », « tous les jours à la peine », « toujours sur la brèche » pour « gagner des sous ». Il exerce successivement les métiers harassants de porteur d’eau puis de charbonnier. Mais « l’appétit vient en mangeant » et il veut gagner « beaucoup d’argent ». Alors rêve ou réalité ? Il arrivera à être hôtelier et cafetier. Et après avoir « trimé beaucoup » toute son existence, Baptistou aura sa « récompense ». Revenir vivre au pays, fièrement et dans « l’opulence ».

Aveyronnais ou pas, que vous inspire la vie de Baptistou ?

Porteur d'eau aveyronnais

Moi Baptistou
Quand j’eus 15 ans, mon père m’a dit : il te faut gagner ta vie
Comme les garçons de ton âge, tu dois quitter le pays
Et depuis, loin de mon village, je me débats dans Paris.
C’est moi le porteur d’eau, avec mes deux seaux pour fardeau
J’arpente les quais de la Seine, je suis tous les jours à la peine.
Pour un modeste sou, je monte un seau d’eau chez vous :
Sachez profiter de l’aubaine quand passe Baptistou
Car, moi Baptistou, je vends de l’eau fraîche
De la bonne eau fraîche, le seau pour un sou.
C’est moi Baptistou toujours sur la brèche
Et qui se dépêche de gagner des sous.
Quand j’aurai des économies, comme tous mes bons amis
J’aurai une échoppe à Grenelle, à Montrouge ou à Bercy
Et en livrant ma clientèle, je lui conterai ceci,
C’est moi le porteur d’eau, je n’ai plus mes seaux sur le dos
Je vends du charbon, des bûchettes,
Tous les bons bourgeois m’en achètent.
En vrai fils de rouergat, me voilà devenu … bougnat.
Ma fortune sera bientôt faite, car j’ai confiance en moi.
Car, moi Baptistou, debout dès l’aurore
Je travaille encore très tard au ” cantou “.
Car, moi Baptistou que nul ne l’ignore
Se vante et s’honore de gagner des sous.
Mais l’appétit vient en mangeant : quand j’aurai beaucoup d’argent
Je prendrai Hôtel à Vincennes, et Café bar à Nogent
Et bien plus tard loin de la Seine, je penserai bien souvent
C’est moi le porteur d’eau qui suis revenu au hameau.
J’ai acquis un petit domaine, je suis bien payé de ma peine.
On me prend pour un ” magnat “, je ne suis qu’un simple Rouergat.
On dit que j’ai eu de la veine, je me demande pourquoi ?
C’est moi Baptistou, toute mon existence
Avec insistance, j’ai trimé beaucoup ;
Et si Baptistou est dans l’opulence
C’est la récompense … des gars de chez nous.